La vie à l'interface entre l'air et l'eau s'est développée chez de nombreuses espèces, aussi bien chez de grands vertébrés, comme les dauphins que chez de petits d’arthropodes. Il existe quelques espèces d'insectes prédateurs qui ont aussi exploité cette niche écologique particulière qu'est la surface stagnante des étangs. Les gyrins, connus sous le nom de "tourniquets", se déplacent rapidement à cette frontière physique en ramant avec leurs pattes médianes et postérieures. Je présenterais dans une première partie les études menées au sein de notre laboratoire sur ces petits coléoptères en insistant sur les aspects de leur écologie fortement conditionnés par les propriétés capillaire de l'interface air/eau. J'insisterais particulièrement sur l'effet de la tension de surface sur la perception des obstacles et des proies ainsi que sur la résistance de vagues lors de la propulsion.
Plus facile à repérer pour un entomologiste non averti, les gerris, aussi communément appelés "araignées d'eau", ont été très étudiés ces dernières décennies aussi bien par les biologistes que par les physiciens. Ces insectes, du même sous ordre que les punaises, glissent aisément à la surface des étangs à l'aide leurs pattes hydrophobes, en produisant sur leur passage une allée de petites vaguelettes. On a longtemps pensé que l'apport de quantité de mouvement nécessaire à leur déplacement était essentiellement associé à ces ondes capillaires. En étudiant plus précisément leur mécanisme de propulsion, il apparait cependant que cette quantité de mouvement est en partie transmise sous forme de demi anneaux tourbillonnaires. J'exposerais dans la seconde partie de ce séminaire l'approche qui nous a permis de caractériser la topologie de la surface ainsi que nos mesures sur la dynamique des tourbillons générés lors de la propulsion des gerris. L'analyse de ces mesures, et leur comparaison à un modèle analytique est essentielle à la compréhension du transfert de quantité de mouvement entre les insectes et le milieu sur lequel ils évoluent.