Les suspensions concentrées (i.e. la dispersion de grains solides dans une matrice fluide) présentent des propriétés rhéologiques vastes et complexes. On peut penser que cette complexité provient des nombreux paramètres physiques qui sont susceptibles dintervenir (taille et forme des particules, propriétés du liquide, ...). Cependant, même les suspensions modèles les plus simples constituées de sphères rigides non-browniennes dans un liquide newtonien en écoulement lent présentent des comportements physiques très riches. Cette richesse trouve en partie son origine dans le couplage qui existe entre l'écoulement et la distribution spatiale des particules solides (i.e. la microstructure), elle même liée à l'état de surface de ces particules. Dans une première partie, nous découvrirons comment des mesures de microstructures et des expériences dinversion de sens de cisaillement peuvent mettre en évidence le rôle important des contacts entre particules sur le comportement mécanique des suspensions. Dans la seconde partie, nous nous intéresserons à une expérience très simple de sédimentation dune bille dense millimétrique dans une suspension isodense de sphères beaucoup plus petites. Loriginalité de lexpérience réside dans la possibilité dappliquer un cisaillement horizontal oscillant pendant la chute de la bille. De manière assez surprenante, alors que la rhéologie de la suspension est quasiment indépendante de la fréquence et de lamplitude des oscillations, la vitesse de chute de la bille en dépend fortement, cette vitesse pouvant être significativement augmentée par le cisaillement croisé. Par exemple, pour une suspension de fraction volumique de solide égale à 47%, la vitesse de sédimentation peut être augmentée dun facteur 4 par rapport à la vitesse de chute dans la suspension non cisaillée. Nous verrons comment ce résultat peut être interprété comme la compétition entre la microstructure induite par la bille qui sédimente et le cisaillement croisé qui a tendance à détruire cette microstructure.