Séminaire de Mécanique d'Orsay
Jeudi 3 Mars à 14h au LIMSI
De la première théorie newtonienne à la crise de l'hydrodynamique des années
1770 : les diverses facettes de l'histoire du problème de la résistance des
fluides au XVIIIe siècle.
Alexandre Guilbaud
UPMC / Institut de mathématiques de Jussieu
A partir du début du XVIIIe siècle, la théorie de la résistance des fluides établie par Newton dans ses Philosophiae naturalis principia mathematica (1ère édition, 1687 ; 2e édition, 1713) fait progressivement l'objet de nombreuses d'applications dans des domaines aussi divers que l'architecture navale, l'artillerie ou l'hydraulique. Dans le même temps, les études et les expériences qui lui sont consacrées dans le monde académique conduisent bon nombre de savants à douter de sa pertinence, ce que le processus de construction théorique de la science des écoulements mené par Daniel et Jean Bernoulli, D'Alembert, Euler entre les années 1730 et 1750 ne tardera pas à confirmer, au moins d'un point de vue physique.
En somme, au milieu du XVIIIe siècle, personne ne croît plus en la théorie
newtonienne, mais tout le monde tente ou continue à tenter de l'appliquer, faute
de mieux. Cette situation paradoxale constitue l'un des ingrédients de la crise
qui marque l'hydrodynamique de la seconde moitié du XVIIIe siècle, crise dont
certains épisodes mettent en lumière plusieurs autres facettes de l'histoire du
problème de la résistance des fluides à cette époque : les enjeux économiques et
militaires, bien sûr, mais aussi les relations entre théorie, expérience et
pratique, ce qui recouvre en particulier le rôle des ingénieurs et la question
de leur formation.