Les écoulements multi-phasiques se retrouvent dans de nombreuses configurations naturelles et industrielles. L'équilibre des contraintes aux interfaces joue un rôle prépondérant dans leur comportement. Nous étudierons deux exemples: la fragmentation des jets liquides et les écoulements de Marangoni de tensio-actifs. Les éternuements et l'épandage de pesticides sont deux situations du quotidien qui reposent sur la non-linéarité de la fragmentation des jets liquides. Mieux comprendre le processus de fragmentation et la distribution des tailles de gouttes est crucial pour déterminer la durée de persistence dans l'air de gouttelettes contenant des agents infectieux ou la dispersion de pesticides en zones habitées. Nos travaux se concentrent sur les statistiques de populations de gouttes générées dans des configurations proches des conditions agricoles. L'étude du champ proche de la buse (DNS, Direct Numerical Simulations) et du champ lointain (DTV, Droplet Tracking Velocimetry) caractérise 4 groupes de gouttes soumises à des conditions aérodynamiques différentes. Il est aussi montré que l'espace des phases, correctement normalisé, dans lequel s'expriment ces populations est indépendant du nombre de Weber. L'étude s'intéresse aussi à la controverse entre le modèle de fragmentation ligamentaire et le modèle de cascade avec intermittence pour la description de la distribution en taille et apporte des éléments sur leurs domaines respectifs de validité. Les écoulements de Marangoni sont générés sur une interface entre deux phases du fait de variations de tension de surface, potentiellement induites par la présence des tensio-actifs. La seconde étude s'intéresse aux conséquences de ce type d'écoulement sur les surfaces lubrifiées et immergées, comme les surfaces super hydrophobiques ou infusées de liquide. Ces surfaces sont prometteuses pour réduire la traînée des navires commerciaux mais sont négativement impactées par la présence de tensio-actifs, même à très faible concentration (1e-5 mol/m3). Afin de quantifier cet effet, l'expression théorique de la longueur de glissement est dérivée pour deux fluides non miscibles en présence de tensio-actifs. Cette formulation permet de quantifier séparément les contributions de la lubrification et de l'écoulement de Marangoni. Elle offre un outil pour évaluer plus facilement la présence de tensio-actifs dans les systèmes expérimentaux ainsi que la performance des surfaces lubrifiées.